Le groupement d'individus disparates le plus étendu, le plus grand de tous les troupeaux de moutons est sans contestation possible celui des automobilistes. Pour le pauvre l'auto représente un gouffre sans fond et (ou) un statut de délinquant plus ou moins grave, pour le plus ou moins riche une tentation à la puissance motrice, plus ou moins assistée d'automatismes de sécurité onéreux, pour une vitesse de déplacement de plus en plus réduite, qui induit une attention de plus en plus focalisée sur le compteur de vitesse et d'autant moins sur la route. Un carburant dont les taxes s'élèvent à 65% de son prix de vente (pour ceux qui sont familiers des calculs combien cela fait-il de % sur la valeur du produit fini?), des doubles condamnations amende plus retrait de point, et plus, un espace public trop souvent payant, des voies rapides sous condition du paiement de l'impôt d'un droit de circulation. Une forêt de panneaux à en faire pâlir celle des Landes, encore souffrante. Toute une industrie de contrôle et de moyen répressif de toutes sortes, hommes et machines, on nous annonce la constitution d'une prochaine milice. Des carburants plus écologiques et moins chers, tel l'E85 pour lequel il faut acquérir un véhicule neuf afin de pouvoir l'utiliser, et des huiles pour diesel interdites sur la route. Sur tout le territoire des ronds-points en veux-tu en voilà, une crétinerie stratégique concernant d'éventuelles interventions rapides et massives de sécurité civile ou (et) militaire, mais point de digues, ou d'entretien des digues, pour les habitants et lieux de commerce concernés, la solution: des indemnités d'expulsion, circulez! Tracez donc la route.
Il nous est laissé fort entendre que les ressources pétrolières se raréfient, car nous en sommes à quantifier ce qui nous reste pour quelques décennies, la consommation augmente, les prix dit-on vont suivre.
Des reportages tv nous informent qu'une Française, dans les îles Maldives, apprend aux autochtones à construire des digesteurs de lisier de cochons, problème récurent en Bretagne depuis de nombreuses années, pour produire du bio-gaz, ce qui du reste est aussi faisable avec les eaux usées domestiques.
La crise économique n'a pas même réussi à susciter une révolution, soit un peu plus qu'une évolution, tournée vers l' industrie des énergies renouvelables, celle qui a déjà fait ses preuves, et dont il n'est plus à supposer, et ne suscite aucune polémique de grande envergure, ni danger éventuel.
Et on reproche aux français leurs déprimes, en insistant du plus lourdement possible sur leurs défauts supposés, et ceci même parmi ceux, étrangers, qui les imaginent comme vivant l'idéal social.
L'exemple existant, obtenu non sans souffrances historiques, ne suffisant point aux retardataires, ce serait à nous de reculer encore et encore, soit-disant, ou au prétexte, de permettre à d'autres d'avancer. L'accablement orchestré fait feu de tout bois, mais ne réchauffe manifestement pas les coeurs, tandis que d'autres, par ailleurs, s'enflamment, il en est chez nous qui se suicident pudiquement, presque dans l'indifférence générale, de ceux aussi, si près de la terre nourricière.
LE DIABLE
'La valeur des épreuves contient celle d' avoir à les surmonter'